Éloge du désert

Publié le par la Fée Violine

 

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Bonjour, cher lecteur !

 

Je vous ai pas mal oublié, ces derniers temps. J’hibernais. Vous aussi, peut-être ?

Mais aujourd’hui, ce sublime ciel 100% bleu (et de plus, pas de vent : un temps estival !) m’incite à me réveiller, d’autant plus que c’est aujourd’hui le premier jour du carême ; donc décidément l’occasion d’attaquer les grands nettoyages, et de mettre à jour quelques tâches trop longtemps négligées : lettres attendant une réponse, et cette chronique à écrire.

 

Le carême, 40 jours au désert. Certains trouvent ça rébarbatif, pourtant qu’y a-t-il de si beau que le désert, surtout quand il s’agit du Causse de Sauveterre ?! Qu’y a-t-il de plus reposant que ce silence et ces vastes espaces ?

Quand je vais en ville, je rencontre en route fort peu de voitures dans les 15 premiers kilomètres (bien sûr à partir de Balsièges, sur la grande route, il y en a davantage). La nuit, je croise davantage d’animaux que de voitures : un poney qui se promène sur la route à La Périgouse, des chats à Champerboux, un lapin par ci, deux chevreuils par là qui bondissent gracieusement devant moi sur le chemin, c’est plus sympathique qu’un camion.

 

Éloge du désert.

Ce qui embellit le désert, C'est qu'il cache un puits quelque part, dit le Petit Prince.

Ici, c’est au sens propre, puisque le Causse est plein de rivières souterraines, on ne sait pas où, ce ne sont pas vraiment des puits ; encore qu’à Dignas, tout près d’ici, il y ait un ancien puits, près des ruines (malheureusement enfouies pour cause de manque de financements de l’archéologie) d’une villa gallo-romaine. Car dans l’Antiquité le Causse était verdoyant et riche en exploitations industrielles : ça a bien changé depuis.

 

Source aussi au sens figuré. Nous avons construit ici notre maison, qui est devenue notre source de revenus. Nous avons créé, en quelque sorte, une source, un lieu où des gens trouvent ressourcement et inspiration (à commencer par nous, bien sûr).

 

Source spirituelle.

Je l’emmènerai au désert et je parlerai à son cœur, dit la Bible (Osée 2,16).

La voix divine est moins étouffée dans un lieu où il n’y a (presque) rien, que dans la vie agitée des villes ! Mais ne rêvons pas trop (même en un lieu voué à l’utopie) : même au désert, il est facile de laisser encombrer la source par des tas de futilités.

 

Cela dit, je viens d’entendre sur Radio Eaux Vives Lozère que la suppression prévue de la ligne SNCF Béziers-Neussargues menacerait la pérennité de l’usine Arcelor-Mittal, l’unique usine du département.

Alors l’esthétique c’est bien, mais pas au prix de la vie. Le silence que j’apprécie n’est pas un silence de mort. Le désert que j’aime n’est pas une fuite des responsabilités. La solitude qui me ressource n’est pas misanthropie ni égoïsme.

C’est juste que moins l’environnement est encombré, mieux on peut voir ce qui est là.

Depuis peu je fais, sur Radio Eaux Vives Lozère précisément, une petite émission : chaque jour je lis une petite histoire pour faire réfléchir (il s’agit des paraboles du Père Bro) et justement celle d’aujourd’hui, Le shôgun et le volubilis, illustre mon propos. Un shôgun visite une maison de thé où se trouvent, lui a-t-on dit, de magnifiques volubilis. Quand il arrive, il est surpris de constater que toutes les fleurs ont été coupées, sauf une. Mais on lui explique qu’ainsi la fleur unique est mieux mise en valeur, alors que l’abondance aurait banalisé la beauté.

 

En fait, c’est ici un désert très relatif. Les humains y sont rares, mais les animaux y prospèrent, sauf quand les chasseurs se promènent par là, et les végétaux y abondent : nous avons de quoi faire du feu pendant des siècles !

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