Esprit d’enfance

Publié le par la Fée Violine

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Quand j’étais petite, je trouvais que les grandes personnes étaient un peu bêtes – sauf mes parents, qui ne sont pas de vraies grandes personnes, même maintenant qu’ils sont nonagénaires – et je ne voulais pas devenir comme ça. Je me disais qu’il suffisait de faire très attention. Pour mieux y arriver, j’ai épousé un artiste.


« Le royaume des cieux appartient aux enfants et à ceux qui leur ressemblent », c’est bien connu. D’ailleurs, je l’ai sûrement déjà dit dans une chronique précédente.


C’est bien prétentieux de comparer Utopix au royaume des cieux, mais je ne peux m’empêcher d’y penser quand j’entends un vénérable père de famille rugir de bon cœur tandis que ses deux gamins sont dans la gueule du dinosaure. Cette brave bête est très utile, elle fait rêver, ou fantasmer, au moins autant les parents que les enfants !


J’ai précisément assisté à la susdite scène il n’y a qu’un instant. Je venais de m’installer sous le grand parasol (puisque, miraculeusement, nous avons aujourd’hui du soleil ! Au mois de juillet ! Ça change un peu).

J’ai posé ma feuille et mon stylo et interrompu l’écriture de cette chronique pour parler avec eux (une fois sortis du dinosaure), répondre à leurs questions, et proposer aux gamins un petit jeu à travers la maison, pour les faire patienter pendant que les parents regardaient les albums de photos et les œuvres d’art.

 

Dans ces cas-là, je m’amuse à leur faire chercher des choses précises, la tête de mort dans sa niche (c’est pas une vraie. Nous sommes des êtres pacifiques, nous ne tuons pas les visiteurs !) (elle est en plâtre) ; le monstre qui tire la langue ; le tableau du fumeur dont la tête se transforme en cendre et que j’appelle « Les méfaits du tabac » ; le gorille de l’accueil…

 

Parfois le jeu se déroule dehors, je les envoie chercher le rouletabille au nord, le champignon au sud-sud-est (les jours de soleil seulement, pour pouvoir se repérer), ou le petit extra-terrestre aux bottes rouges dans son buisson…


En plus des grandes personnes qui retrouvent ici leur âme d’enfant – à moins qu’elles ne l’aient jamais perdue et n’aient donc pas besoin de la retrouver -, nous voyons ici des enfants de tous les âges.

J’ai toujours bien aimé répondre aux questions des enfants, les miens ou ceux des autres.

Leurs questions sont autrement plus variées que celles des grandes personnes, qui, même avec une âme d’enfant, veulent toutes savoir comment nous nous chauffons en hiver... Ce n’est pas un enfant qui se soucierait de ce détail !


L’autre jour, j’ai envoyé un enfant chercher la maison des schtroumpfs, et au retour il m’a dit que le Panoramix, qu’il a croisé en route, était certainement la maison de Gargamel. Ben oui, c’est logique, mais je n’y avais jamais pensé. Il est vrai que je connais mal la géographie schtroumpfe.


Tout à l’heure, j’essayais de lire, toujours sous le grand parasol, Auf einen Tee in der Wüste, de Schwester Jordana http://www.de.wikipedia.org/wiki/Jordana_Schmidt, une religieuse dominicaine allemande, qui raconte son périple Istamboul-Jérusalem avec une équipe de télé, en 2012.


Je dis « j’essayais », pas à cause des mots difficiles, que je trouve dans le dictionnaire, mais parce que quatre petits enfants de 4-5 ans sont venus aussitôt m’entourer, me faire la conversation, me demander ce que je faisais, tripoter le livre et le dico, me raconter leur vie…

Je leur ai lu un paragraphe (en allemand), ça les a bien fait rire, non qu’ils y aient compris quelque chose, d’ailleurs c’était pas drôle, c’est le passage où Jordana explique que les Turcs sont plus accueillants envers les étrangers que les Allemands ne le sont envers les travailleurs immigrés. C’est sûrement vrai, mais d’une manière générale ses analyses me semblent simplistes et constituées essentiellement de lieux communs politiquement corrects et d’observations superficielles.


Sœur Jordana a-t-elle l’esprit d’enfance ? Quand elle ne se promène pas dans le désert, elle vit avec des enfants, car elle est « mère » d’une fratrie de 5, dans un village d’enfants qui appartient à sa congrégation, les dominicaines de Béthanie (fondées par le http://www.fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Joseph_Lataste Père Lataste que j’aime tant !), mais est-ce suffisant pour avoir l’esprit d’enfance au sens évangélique, qui exclut la puérilité et l’ignorance ?

Je suis peut-être trop sévère à son égard, car elle est sympathique, généreuse, de bonne volonté, jeune et jolie, mais j’avoue que parfois elle m’agace un peu.

Mais je lis le livre parce que c’est un cadeau de ma chère fille, l’Allemande.

Et aussi, bien sûr, parce que ça m'intéresse!


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Aujourd'hui, cher lecteur, j'avais prévu une chronique sur l'art. Et puis les enfants ont pris le dessus. C'est fort, un enfant ! Nous parlerons donc de l'art une autre fois...

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