Le lièvre et les poissons (fable)
Le lièvre et les poissons (fable)
Un lièvre un jour vint mourir sur un toit.
Était-ce un lièvre ou un lapin,
Je n'en sais rien
(Je suis fabuliste,
Pas zoologiste).
Pour simplifier, appelons-le "le lièvre".
Un lièvre donc vint mourir sur un toit.
Est-ce un toit ou une terrasse,
Un peu des deux,
Si on veut.
Comment cet animal est-il arrivé là?
A-t-il grimpé
De son plein gré
Pour passer de vie à trépas?
C'est très douteux.
Fut-il apporté par le chat?
Un de nos chats, jadis,
Posa, sur le tapis
De ma chambre, un lapin
Trucidé par ses soins.
Mais le chat ce jour-là
Était plus gros que le lapin.
L'animal, quel qu'il soit, dont je parle aujourd'hui
Est gros comme deux ou trois chats
(Un super-lièvre en vérité
Que j'aurais mieux aimé sur la table en pâté
Qu'en bouillie sur le toit).
Un vautour l'a sans doute en ce lieu laissé choir?
Un vautour débutant peut-être, et maladroit?
Mais ce n'était pas tout d'éclaircir ce mystère :
Il fallait enlever les restes de ce lièvre
Dont l'odeur délétère
Se répandait aux environs.
Notre fils Pierre, avec la pelle à neige
(Désolée, j'ai pas de rime en -eige)
Emporta vaillamment l'objet déliquescent
Vers un lointain buisson.
La terrasse fut arrosée
D'un grand seau d'eau javellisée,
Oubliant que les eaux de pluie
Par un système de drainage
Vont au bassin des poissons rouges.
Poisson rouge et javel ne font pas bon ménage.
Que faire? Il fallut vider
Le bassin en son entier.
Attraper des poissons avec une passoire
Est un projet bien illusoire.
Attendons plutôt
Qu'il n'y ait plus d'eau.
Suffira de les ramasser
Et de les mettre dans un seau
En attendant la nouvelle eau
Trois heures plus tard,
Après avoir ôté la vase et les têtards.
Moralité : merci à mon Pierrot
Qui a fait tout le sale boulot !
Autre moralité : il a fallu tout ça
Pour que le fils de Pierre
Puisse barboter dans l'eau claire !